Au moment de la révolution punk qui enflamme la planète rock à la fin des années 1970, on se demande si les guitares gros calibres, les concerts dans les stades géants et les solos qui durent trois plombes ne vont pas finir au dépotoir du rock. Et pourtant, malgré le déclin des experts en tablatures, le hard rock et le heavy metal continuent à faire des émules dans la lignée de leurs aïeux, Black Sabbath ou encore Deep Purple. Seulement, il manque à tous ces groupes de rock chevelus et couillus un petit quelque chose en plus : de plus speed, de plus intense, de plus agressif, de plus décapant, de plus intransigeant, de plus explosif côté cordes vocales. Il manque tout simplement le groupe qui saura faire, en un album, la symbiose entre l’énergie furax du punk, les guitares aux accords bien bourrins et les arpèges ultra techniques. Ne vous étranglez pas chers accros au rock dur, ne criez pas au loup, chers mordus de « No Future », parce que franchement, quand on fait de son premier disque un vrai brûlot rock au nom incantatoire qu’un punk confirmé n’aurait pas rougi de brandir sur son tee-shirt : « Kill’em all », (après avoir quand même hésité entre « Metal up your ass » et « Fuck’em all »), quand on réussit à donner spontanément dans la noirceur, la fureur, avec autant d’énergie, quand on arrive à ne pas se laisser embarquer dans le machisme ordinaire qui plombe le metal de beaucoup d’autres, quand on sait aborder la violence, la mort et l’éternité avec autant d’intensité, on n’est plus dans les codes metal, hard, heavy, speed ou trash, ni dans les codes punk anti-arpèges et anti -gros lourds, mais on force le respect de tous, on est Metallica, tout simplement, un vrai monument rock et metal à lui tout seul. Grâce à ces Four Hoursemen californiens et légendaires, les tee-shirts sordides, les cheveux à la mode bouclette, les forceps et le foulard à tête de mort sont enfin devenus crédibles.

Pour ceux qui se moquent des rencontres initiées par des petites annonces, sachez que non seulement, il est possible par ce biais de trouver l’âme sœur, mais l'on peut devenir aussi l’un des groupes de rock lourd les plus populaires de la planète…Eh oui, ce mythe vivant qu’est Metallica est né aux débuts des années 1980 d’une rencontre par petite annonce interposée entre Lars Ulrich, et James Hetfield. Le destin est assez drôle, même lorsqu’il s’immisce dans le metal, puisque nos deux (futurs) amis sont à la base plutôt branchés sport : Lars est voué à une carrière de tennisman qui l’a fait quitter, lui et sa famille le Danemark pour les States, tandis que James est un accro au skateboard. Sauf que Lars à beau maîtriser le coup droit, il rêve en secret de devenir une rock star à l’image du guitariste des Deep Purple, l'une de ses idoles, et de prendre à revers sa carrière de fond de court pour se lancer sur les devants de la scène. C’est afin de concrétiser ce désir que Lars troque la raquette contre les baguettes pour se perfectionner à la batterie et dépose LA fameuse annonce dans le magazine «The Recycler ». James quant à lui, a déjà joué dans plusieurs formations, reprenant quelques standards de groupes aimés en leur apportant une dose massive d’énergie et de speed côté rythmes.

Après avoir fait connaissance, Lars et James commencent à jouer ensemble, rejoints à la basse par l’un des amis de Hetfield, Ron McGovney, puis à la guitare par Lloyd Grant afin d’enregistrer un titre pour une compile. Le groupe à cette époque prend le nom de Metallica, un nom que Lars aurait subtilisé à un pote journaliste qui hésitait entre ce patronyme et un autre pour le titre de son futur magazine, nous dit madame Légende-du-Rock. Le groupe fait ensuite ses premiers pas sur scène en 1982 dans une ville de la Côte Ouest et met en boîte une démo. Peu après, Metallica embauche David Mustaine à la place de Lloyd Grant, puis Kirk Hammet à la place de Mustaine (qui ira fonder Megadeth), mis à la porte du groupe pour abus de drogues en tout genre. Côté basse, il y a aussi du changement puisque le génial Cliff Burton, découvert lors d’un concert par le tandem Lars et James, remplace Ron Mc Govney.

Et voilà, Metallica est désormais au grand complet et peut commencer à secouer le heavy metal en balançant en 1983, « Kill’em All », un premier album enragé, urgent, speedé, et qui tue tout, c’est le cas de le dire. Portés par leur jeunesse incendiaire et leur musique percutante, les cavaliers de la tempête metal publient un an après un « Ride the lightning » qui fait plus dans la longueur sans tuer la puissance ni l’énergie, puis en 1986, paraît le gigantesque « Master of Puppets ». C’est l’année du triomphe pour Metallica qui cartonne avec un album devenu culte dans le milieu heavy, mais c’est aussi une année de souffrance pour le groupe qui perd son bassiste de génie, tué dans un accident de bus lors de leur tournée en Scandinavie. James, Lars et Kirk ne savent pas s’ils se remettront d’une telle perte amicale et artistique, mais ils décident finalement de continuer l’aventure, avec Jason Newsted à la basse.

Après avoir publié un album de reprises et de raretés, Metallica sort en 1988 « And Justice For All » où le fantôme de feu- Cliff Burton séjourne dans le cœur de chaque morceau, apportant au son énergique, une ambiance souvent glaciale et beaucoup plus sombre que dans les albums précédents. « And Justice For All » est aussi le premier album de Metallica où les textes sont plus engagés, traitant de la guerre, de la justice, du pouvoir, de l’argent… Mais c’est aussi le premier disque qui divisera les fans, notamment à cause du titre « One », considéré comme trop commercial pour les uns (Metallica en fera aussi un clip), sublime et épique pour les autres.

Puis en 1991, Metallica fait un tabac avec un album que l’on appelle couramment le « Black Album » (à cause de la pochette ou peut-être en réponse au « White Album » des Beatles...!). Cette fois, le groupe touche un public vraiment très large, ce qui provoquera quelques féroces critiques de la part des accros au metal pur et dur, qui n’apprécient guère les slows du type « Nothing Else Matters » ; mais de manière générale, le « Black Album » est célébré dans le monde entier.

Si le « Black Album » est toléré par le milieu metal (il y a quand même le brillant « Enter Sadman », et l’excellent « Sad But True » !), « Load » et « Re-load » sont considérés comme une véritable trahison par la majorité des metalmaniaques. Il est vrai que dans ces albums, les Four Hoursemen sont loins de la furie des débuts et se rapprochent progressivement de la soupe rock commerciale. N’en déplaise aux intransigeants, Metallica continue à cartonner avec ces deux disques sortis respectivement en 1994 et 1997.

A la fin des années 1990, Metallica publie un album de reprises, « Garage, Inc » ainsi que le live « S&M » où le groupe revisite leurs chansons avec l’orchestre symphonique de San Fransisco. Puis on retrouve Metallica sur les bancs de la justice, afin de poursuivre un stick à lèvres qui veut prendre le nom du groupe mais aussi Napster qui viole selon eux leurs droits d’auteurs…Finalement ce qui posera le plus de soucis à Metallica en ce début de millénaire, c’est le départ de Jason Newsted en 2001. Celui-ci ne s’est pas fait écraser par un bus comme le précédent bassiste mais en a surtout ras le bol de se faire écraser et rabrouer par James Hetfield. Parlant de James, le chanteur n’a pas la grande forme et se noie peu à peu dans l’alcool. Il rentre en cure de désintox et Lars comme Kirk n’ont plus qu’à se trouver une occupation en attendant le retour de James et un nouveau bassiste. Ils jouent alors quelques temps avec Ja Rule.

Malgré tous ces évènements fâcheux, Metallica revient dès 2003 avec un nouvel album, « St. Anger » qui n’est pas simplement un retour dans les bacs, mais aussi un retour aux sources de l’énergie furieuse qui faisait les beaux jours de leur jeunesse. Une fois de plus, les fans sont partagés concernant la qualité de cet opus, mais James a enfin retrouvé ses repères et le groupe un bassiste en la personne de Robert Trujillo, alors les attaques peuvent être acerbes et les critiques pleuvoir, Metallica est encore bien vivant, et n’est pas prêt de débrancher les guitares
 
     
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